Pourquoi les personnes sensibles risquent davantage le burnout et comment l’éviter ? Mon témoignage d’hypersensible

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Ressources de l’épisode

Suggestions ou questions

Chapitres

  1. L’idée générale de l’épisode
  2. Une vision idéalisée d’un métier : les ressources humaines
  3. La désillusion : pourquoi les grandes entreprises sont néfastes pour les personnes sensibles et impliquées dans leur travail ?
  4. Être un mercenaire : pourquoi faut-il travailler pour vivre et non vivre pour travailler ?
  5. La prison dorée : pourquoi est-il si difficile de quitter une grande entreprise ?
  6. Un contexte organisationnel malsain : seule contre une équipe unie et en place depuis trop longtemps
  7. L’acteur principal rentre en scène

Introduction

  • Êtes-vous salarié dans une moyenne ou grande entreprise ?
  • Souffrez-vous du comportement de certains de vos collègues ?
  • Aimeriez-vous obtenir davantage de reconnaissance, soit en terme de salaire, soit en terme d’estime ?
  • Vous arrive-t-il de penser que votre entreprise est mal organisée ou que les directives sont opaques ?

Si vous avez répondu « oui » à la plupart de ces questions, vous risquez l’épuisement professionnel.

Bonjour c’est Axelle, j’espère que vous allez bien. Vous écoutez le podcast Sensible Révolution. La web radio qui vous aide à développer vos compétences sociales, pour une vie plus sereine et plus heureuse.

L’idée générale de l’épisode

Je suis actuellement en recherche d’un CDD à temps partiel. Je fais donc une veille sur les offres d’emploi depuis quelques temps. Forcément, cela me rappelle l’expérience difficile que j’ai vécue dans ma dernière entreprise. Et j’ai eu envie de vous partager mes réflexions à ce sujet.

Si comme moi vous êtes hypersensible, vous avez sans doute une grande conscience professionnelle. Vous êtes intègre et impliqué.

Probablement que vous vous souciez des détails. Vous êtes exigeant avec votre travail et celui des autres. C’est pourquoi, je veux insister sur l’importance de moins vous soucier de votre travail.

Oui, je sais que ça va vous paraître paradoxal. Justement, lorsque l’on est consciencieux, on fait tout pour bien faire son travail et le moindre détail qui semble aller de travers nous tracasse.

Dans cet épisode, je vais vous raconter mon cheminement. Vous allez découvrir les erreurs que j’ai commises. Mais aussi quelles compétences sociales m’ont évitée de tomber au fond du gouffre. Cela vous permettra de confronter ma propre expérience à la vôtre. Vous pourrez en tirer des conclusions intéressantes. Ainsi que des actions efficaces pour vous préserver ou vous reconstruire dans votre vie professionnelle.

Une vision idéalisée d’un métier : les ressources humaines

Je connais bien le monde de l’entreprise. J’ai 46 ans aujourd’hui. J’ai commencé à travailler à 17 ans après l’obtention d’un Bac -2. Après quelques petits boulots, j’ai obtenu mon premier CDI en bureau. Un poste de dactylographe.

J’y suis restée 1 an et puis j’ai fait énormément d’intérim. J’ai beaucoup appris, je me suis formée et j’ai évolué professionnellement.

À un moment de ma vie en 2007, je me suis interrogé sur mon parcours professionnel. J’étais en quête de sens.

J’avais beau avoir progressé dans mes fonctions, la vie de bureau n’était pas quelque chose qui m’enchantait particulièrement. J’avais envie de travailler en extérieur, dans la nature. Je rêvais de participer à la protection de l’environnement. Mais une reconversion professionnelle complète était compliquée, sur le plan financier, entre autres.

Alors j’ai choisi la sécurité : continuer dans des fonctions administratives. Reprendre des études, obtenir un Bac+2 qui me permettrait de décrocher une meilleure rémunération. J’ai choisi de m’orienter vers les ressources humaines. Parce que je me faisais une haute idée de cette fonction. Pour moi, travailler dans les ressources humaines, c’était aider les autres. Me mettre à leur service pour pouvoir les décharger de certaines tâches. Afin qu’ils aient l’esprit plus clair pour se concentrer sur leur cœur de métier. J’ai intégré cette fonction à travers la gestion administrative du personnel et la paie.

support

La désillusion : pourquoi les grandes entreprises sont néfastes pour les personnes sensibles et impliquées dans leur travail ?

La fonction RH n’existe que dans les moyennes et grandes entreprises. J’avais surtout travaillé jusque-là dans des TPE ou des petites unités indépendantes au sein de grands groupes. Le changement m’a sauté aux yeux.

Je me suis vite aperçu que dans beaucoup de grandes entreprises, la multiplication des niveaux de hiérarchie ne sert qu’à diluer la responsabilité de ceux qui sont en haut. J’ai réalisé que la fonction RH était loin de représenter les valeurs d’humanité que j’en attendais.

Je me suis rendue compte de la médiocrité du travail d’une certaine catégorie de salariés. Ceux qui touchent tranquillement leur paie en fin de mois, en brassant du vent tout au long de l’année. Alors qu’une autre catégorie de personnes loyales et travailleuses sont assidues et impliquées au travail.

Et parmi ces dernières, je mettrais ma main à couper qu’il y a beaucoup d’hypersensibles. J’en étais.

Je vais être directe avec vous : il y a fort à parier que vos hiérarchiques se fichent royalement de qui vous êtes et de ce que vous faites.

La seule chose qu’ils attendent de vous c’est que vous restiez sagement dans la petite case qu’ils vous ont attribuée. Ils attendent que vous fassiez votre boulot correctement, sans faire de vague.

Parce que vous aurez beau mettre tout votre cœur à l’ouvrage, on ne vous remerciera pas pour autant.

Bien sûr, il existe des exceptions et si vous en faites partie, sincèrement, j’en suis très heureuse pour vous.  Mais ce que j’ai vécu dans les grandes entreprises et ce dont j’entends parler encore, c’est que la médiocrité est devenue une norme.

Être un mercenaire : pourquoi faut-il travailler pour vivre et non vivre pour travailler ?

Si vous essayez par votre travail d’être au-dessus de la moyenne, vous allez déranger.  Parce que la moyenne est une loi à laquelle on doit se soumettre. Aucun directeur des ressources humaines ne souhaite un élément perturbateur qui fasse grincer cette chaîne si bien huilée.

Vous n’êtes qu’un numéro d’identifiant dans une base de données. Dans une grande entreprise, les idées comme les salariés sont interchangeables. Si une mauvaise herbe décide de pousser sur la pelouse bien rase, on  l’arrache. Alors, mieux vaut rester au ras des pâquerettes.

Finalement, les gens qui passent d’une manière indifférente d’un travail à un autre sont ceux qui ont tout compris. Le travail se réduit pour eux à un moyen de payer leurs factures. Ils ne se sentent pas engagés moralement. Ils fournissent une prestation moyenne contre un salaire moyen. Mais ce faible degré d’implication, lorsqu’il est intégré et accepté, leur évite bien des frustrations.

Je sais que lorsque l’on est hypersensible, il est difficile de se comporter comme cela, en mercenaire.  Parce qu’en général, on est entier, on aime le travail bien fait. Soit on fait les choses du mieux possible, soit on ne les fait pas du tout.

Pourtant, je voudrais attirer votre attention sur ce que vous avez de plus précieux. Votre santé et votre bien-être.

La prison dorée : pourquoi est-il si difficile de quitter une grande entreprise ?

Croyez-moi, je ne vous dit pas cela à la légère. J’ai vécu des moments difficiles. Et je n’ai rien vu venir.

Dans mon dernier job, pendant 6 ans, je me suis imposée une situation qui ne convenait pas du tout à mon tempérament hypersensible. Dans mon service, je travaillais avec deux femmes extrêmement bruyantes mais qui étaient plutôt gentilles à première vue. Dans notre bureau où passait beaucoup de monde toute la journée, nous étions très sollicitées en face à face ou au téléphone.

Ce bruit permanent, ces dérangements incessants, généraient de l’hyperstimulation. Mais j’avais un bon salaire, un super comité d’entreprise, une très bonne cantine, un chef sympa, des collègues que j’aimais bien, un boulot plutôt intéressant. J’ai pensé que je pouvais m’adapter. Je mangeais seule avec un livre de temps en temps. Je profitais parfois de ma pause-déjeuner pour aller me balader à l’extérieur. Je pratiquais beaucoup d’activités en pleine nature le week-end. J’avais même la possibilité de prendre des RTT en milieu de semaine pendant les périodes creuses. En comparaison de beaucoup de personnes, ma situation professionnelle était idyllique. Alors j’aurai eu honte de m’en plaindre.

Jusqu’à ce que d’autres paramètres que je n’avais pas prévus rentrent en jeu.

Schattenwolf / Pixabay

Un contexte organisationnel malsain : seule contre une équipe unie et en place depuis trop longtemps

Forte des bonnes évaluations professionnelles que j’avais toujours reçues, j’ai fait des demandes pour que le bureau devienne plus calme. Elles n’ont pas été prises au sérieux. On m’a rétorqué que lorsque j’avais signé mon contrat de travail, je savais que j’allais travailler dans un bureau ouvert avec une partie accueil importante. Ce qui était vrai. On m’a précisé que les choses avaient toujours été comme ça. Sous-entendu : « ce n’est pas toi qui va les faire changer ».

Lorsque j’ai fait remarquer le turn-over important sur mon poste, on m’a indiqué que chaque départ avait une raison étrangère à l’ambiance du service.

Mes 2 collègues étaient depuis près de 30 ans dans la boîte, soudées comme les doigts de la main. N’ayant jamais travaillé dans aucune autre entreprise. Elles avaient connu mon chef alors qu’il n’était qu’un jeune alternant. Elles possédaient un certain pouvoir auprès du DRH du fait de leur connaissance de l’historique interne.

Vous l’avez deviné, l’autorité n’était pas exercée par la personne qui en avait normalement l’attribution, mon N+1.

La doctoresse du travail était de la même génération que mes collègues. Lorsque j’ai attiré l’attention sur le bruit anormal qui régnait dans le service, elle m’a dit que j’exagérais. Que le bureau n’était pas si bruyant. Je lui ai alors demandé si elle y passait 8 h chaque jour comme moi. Elle n’a pas apprécié. Lorsque j’ai insisté en rapportant des exemples concrets, la doctoresse m’a affirmé que je devais être dépressive. Sans examen, sans connaissance de mon dossier médical et alors même que je ne présentais aucun des principaux symptômes de la dépression[1].

Par contre, j’étais en effet très fatiguée et je devenais irritable. Je ne me sentais pas respectée ni en tant que personne, ni en tant que collaboratrice. Au bout d’un moment, j’ai été fatiguée d’être la seule à faire des efforts. Je suis devenue désagréable avec mes collègues. Et bien sûr, la situation s’est envenimée.

L’acteur principal rentre en scène

Mon chef a quand même essayé d’arranger la situation au départ. Il a réussi à imposer des horaires de fermeture du bureau sur une demi-journée. Mais mes collègues ne jouaient pas le jeu. Elles adoraient bavarder avec nos visiteurs alors cette fermeture les a beaucoup contrariées. Et elles me l’ont fait payer. Nous n’avions pas les mêmes échéances. Lorsque je travaillais encore sur les miennes, elles avaient fini les leurs. Essayez de faire une paie alors que votre collègue entretient une conversation téléphonique sur haut-parleur, ou que l’autre écoute des chansons sur Youtube. Vous m’en direz des nouvelles !

J’ai tenu le coup grâce au sport, à quelques jours d’arrêt de travail et au soutien moral de mon médecin traitant et de quelques collègues.

Jusqu’à ce que le DRH entre en scène. Et se mette à me harceler moralement. Oh, cela a été très subtil. Tellement, que je me suis demandé au début si je ne me faisais pas des idées. Puis j’ai appris que plus d’une demi-douzaine de personnes avant moi avaient vécu une situation similaire. Une de mes collègues absente depuis un bon moment m’a raconté sa propre expérience. Et là j’ai compris dans quelle panade je m’étais enfoncée. J’ai fait appel aux représentants du personnel pour avoir un soutien psychologique.

Mais la difficulté dans le harcèlement moral, c’est qu’il faut pouvoir prouver avec des faits objectifs ce que l’on avance. Et mon état de santé ne me permettait plus de tout gérer de front…

tweetyspics / Pixabay

Dans le prochain podcast, je vous raconterai la fin de mon histoire. Je vous dévoilerai les erreurs que j’ai commises et comment ne pas les reproduire. Enfin, je vous expliquerai en quoi cette expérience a été enrichissante pour moi, malgré ses apparences négatives.

J’espère que mon analyse vous sera utile.

D’ici-là je vous souhaite une excellente fin de semaine. Et surtout, prenez soin de vous !

À très bientôt

[1] Une perte d’intérêt et de plaisir pour des activités du quotidien et pour les activités habituellement agréables ; une dévalorisation de soi, une perte de confiance en soi et d’estime de soi ; un sentiment d’inutilité et une culpabilité excessive et injustifiée ; une vision du futur et de la vie très négative avec des perspectives pessimistes ; des pensées autour de la mort en général, et parfois autour du suicide…