Sources documentaires

Chapitres

  • Neurones miroirs : c’est quoi ?
    • Quel est leur rôle ?
    • Comment fonctionnent les neurones miroirs ?
  • Neurones miroirs et empathie
    • Une capacité inégalitaire
    • Des facteurs d’intensité
  • Neurones miroirs et hypersensibilité
    • Neurones miroirs : plus actifs chez les hypersensibles ?
    • Système miroir : quelles limites ?

Neurones miroirs et hypersensibilité : que faut-il retenir ?

100 milliards. C’est à peu près le nombre de neurones que contient notre cerveau. Parmi eux, des études neuroscientifiques ont mis en évidence des neurones moteurs un peu particuliers : les neurones miroirs. Ils seraient notamment impliqués dans l’apprentissage par « imitation » et dans la compréhension de l’autre.

En lisant un article, j’ai été interpelée par ce sujet que je n’avais jamais pris le temps de creuser jusque-là. Bien sûr, j’y ai remarqué des liens intéressants entre les neurones miroirs et l’hypersensibilité que je vous partage dans cet article.                                                                                                                                      

Neurones miroirs : c’est quoi ?

Un neurone est une cellule du système nerveux qui transmet une information plus communément appelée « influx nerveux ». Dans mon article sur la cohérence cardiaque, correspondant au podcast n°32, j’explique l’organisation du système nerveux de manière simplifiée. J’ai d’ailleurs ajouté quelques vidéos pour mieux visualiser ce système plutôt complexe.

Ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce sont les neurones miroirs. Ils se présentent comme un ensemble de neurones aux propriétés visuelles et motrices jouant un rôle fondamental dans nos interactions sociales.

Quel est leur rôle ?

Les neurones miroirs servent à l’apprentissage par imitation, mais sont également un guide de compréhension des personnes avec lesquelles nous interagissons. Ils interviendraient notamment dans la préparation physique ou artistique par l’intermédiaire de la voie mentale.

La voie mentale

Peut-être connaissez-vous plutôt la voie mentale sous le terme de visualisation. Il faut savoir que cette technique est possible grâce aux neurones miroirs. Elle peut être utilisée par des champions de ski de descente, par exemple, qui visualiseront les moindres courbes et bosses de leur futur parcours. La visualisation de leur mouvement améliorera leur fluidité une fois dans l’action.

Pour la petite histoire, j’ai moi-même testé cette méthode lors de mon tout premier réseautage. En tant que personne hypersensible et introvertie, j’étais particulièrement stressée à l’idée de parler devant une cinquantaine de personnes inconnues. Pourtant, cela m’a permis de m’y préparer et de réussir ma présentation de 3 minutes sans que je ne me sois laissée emporter par la peur. Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais je vous assure que mes expériences passées en contexte scolaire ou professionnel m’ont rappelé à quel point je pouvais être fière de moi. 

Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, je vous invite à écouter le podcast n°14 sur la confiance en soi où je vous explique comment appliquer la visualisation.

L’usage thérapeutique

Les neurones miroirs ont également un usage thérapeutique. On sait, par exemple, que les personnes autistes, les bipolaires et certains schizophrènes ont une altération de ces neurones miroirs entraînant des troubles mentaux ou psychiatriques. Une meilleure connaissance de ces neurones d’un genre un peu particulier permet donc de travailler sur les troubles du lien social.

Comment fonctionnent les neurones miroirs ?

Tout le monde possède des neurones miroirs. Alors que leur provenance est en partie génétique, ils se développent tout au long de la vie.

Un système miroir

Le cerveau humain serait composé de deux réseaux principaux :

  • le système miroir « fronto-pariétal » ;
  • le système miroir « limbique.

Ils s’activent lorsque la personne effectue un geste moteur précis, observe ou entend un interlocuteur effectuant un acte similaire, mais aussi lorsqu’il pense que cette action sera effectuée.

Chez les bébés, par exemple, les deux réseaux neuronaux, qu’on pourrait qualifier de « pré-câblés », sont utilisés dès la naissance :

  • L’un permet d’analyser le mouvement de leurs mains ;
  • L’autre permet d’analyser les mimiques et les expressions de visages des personnes qui l’entourent et principalement de leur maman adorée.

90 % des informations pour la perception de l’état émotionnel passent par les yeux et la bouche. Il faut savoir que les expressions du visage, en particulier les micro-expressions, sont incontrôlables pour le commun des mortels. Ce qui est étonnant, c’est qu’un bébé est capable de faire la différence entre un sourire forcé et un sourire aimant. Grâce à ses neurones miroirs, il reconnaît une expression d’amour sur le visage de sa mère. Ce qui signifie qu’en cas d’absence de ces expressions d’amour et de tendresse, le bébé risque de développer des troubles émotionnels (de la détresse ou des troubles du développement si cette carence affective se prolonge dans la durée).

Le neuropsychiatre français Boris Cyrulnik a démontré, dans son livre Les Nourritures affectives, les conséquences d’un manque d’interaction sociale et d’attachement sécure (sécurisant) sur le développement cérébral d’un enfant.

Un détecteur d’émotions

Les neurones miroirs sont donc un outil de détection des émotions. C’est un phénomène qui reste à un niveau inconscient et qui a ses limites, bien sûr. Cette analyse se fait en particulier à la lumière de nos références interne, autrement dit ce dont je parle souvent : nos croyances inculquées par notre éducation, notre environnement familial, social et culturel. Pour le bébé, elle se fera à la lumière de sa petite expérience de vie.

Les neurones miroirs nous permettent de nous faire une idée, plus ou moins juste, des intentions de notre interlocuteur. D’ailleurs, plus il se trouve dans notre contexte de référence, c’est-à-dire de même culture, de même morale et de même religion, plus l’interprétation de ses émotions est juste.

Plus qu’une reconnaissance des émotions de l’autre, les neurones miroirs nous permettent de ressentir dans notre corps les réactions viscérales que ressentent les autres personnes et par conséquent, leurs émotions.

Je vous rappelle que pour le cerveau humain, les émotions représentent l’état interne de notre corps. Elles naissent de nos pensées et interagissent avec lui. Nous sommes un tout et tout est connecté.

Il est donc inutile d’afficher un sourire forcé, type « commercial », cela se verra immédiatement car il restera figé au niveau de la bouche. En revanche, un sourire sincère, qui vient du cœur, illumine le visage entier. L’ensemble des muscles sont activés jusqu’à ceux des yeux. C’est un tout autre sujet, mais ce serait dommage de gommer ces jolies « pattes d’oies », signe de quelqu’un qui a beaucoup souri, beaucoup ri et qui aime beaucoup la vie J.

Quand j’ai étudié le rôle des neurones miroirs de plus près, j’ai de suite fait le rapprochement avec l’hyperréactivité des personnes hypersensibles : l’hyperréactivité à notre environnement externes et à nos sensations internes.

Puis, j’ai pensé à l’empathie.

Neurones miroirs et empathie

L’empathie est une conséquence directe de l’un des systèmes miroirs, celui qui permet l’analyse des expressions du visage.

En effet, les neurones miroirs ont un rôle de facilitateur social. Si l’on peut analyser les expressions du visage de quelqu’un et deviner son état émotionnel, on doit pouvoir comprendre cet état et par conséquent, avoir une réaction qui lui soit compatible.

Encore faut-il disposer de cette faculté d’empathie : la clé des relations sociales de coopération.

Une capacité inégalitaire

Comme elle est liée aux neurones miroirs, elle évolue selon la culture, le niveau de vie et le milieu social. Cependant, elle n’est pas distribuée à la naissance de manière égalitaire. Pour des raisons biologiques, les garçons auront une capacité d’empathie et d’analyse des expressions faciales plus faible que chez les filles.

En effet, le développement de l’empathie est sensible au niveau de testostérone (principale hormone sexuelle mâle) atteint dans l’utérus.

Cette inégalité hormonale n’empêche pas le développement de ces capacités durant l’évolution du petit garçon, puis de l’homme, dans son environnement.

Des facteurs d’intensité

L’intensité de l’empathie dépendra de l’état métabolique de la personne. Quelqu’un qui a froid, faim ou peur sera peu enclin à faire preuve d’empathie. L’être humain est avant tout conçu pour la survie ! Pour le maintien de l’espèce, il fait passer ses besoins primaires avant les autres. Il suffit de se rappeler de la pyramide de Maslow qui démarre à la base par les besoins fondamentaux (avoir un toit, se nourrir, dormir, être en sécurité) et qui se termine par les besoins de reconnaissance sociale.

C’est pourquoi l’empathie ne peut être développée chez quelqu’un que lorsque ses besoins primaires sont couverts.

Elle dépendra également du degré de connivence porté à l’autre qui sera étroitement lié à la culture partagée ou non, au code moral ou religieux, etc. Évidemment, s’il existe un lien affectif ou de parenté, l’empathie sera encore plus forte.

Ces deux aspects s’expliquent par la notion de « clan » qui est inhérente à tous les animaux sociaux. L’empathie se retrouve d’ailleurs chez les primates, chez les grands mammifères comme les éléphants, chez certains rongeurs et même chez les oiseaux. Cet effet de clan nous rend plus compréhensif et plus ouvert à l’égard de personnes qui nous ressemblent.

Neurones miroirs et hypersensibilité

À la lecture de cet article, vous avez naturellement dû faire le lien entre les neurones miroirs et notre hypersensibilité émotionnelle.

Nombreux d’entre nous sont impactés par les émotions des personnes qui nous entourent. Parfois, nous n’arrivons même plus à faire la différence avec nos propres émotions, ce qui est évidemment une des limites de l’empathie.

Nous savons que l’hypersensibilité est (en partie du moins) génétique et que les émotions sont gérées par le système nerveux central, notamment certains de ses composants comme les neurotransmetteurs. C’est l’équilibre de ce système qui régule l’humeur et les émotions chez l’ensemble des individus, hypersensibles ou non.

Cependant, certaines études ont apporté quelques précisions sur la provenance de notre empathie…

Neurones miroirs : plus actifs chez les hypersensibles ?

Vous le savez maintenant, le rôle des neurones miroirs est de nous aider à comprendre l’autre lors de nos interactions sociales. Une plus grande activité des neurones miroirs démontre donc une personne plus empathique, telles que le sont les personnes hypersensibles.

Nous n’avons pas davantage de neurones miroirs que les non-hypersensibles. Ces neurones sont simplement plus actifs. C’est en tout cas ce qu’a démontré une recherche en imagerie cérébrale fonctionnelle.

Cette expérience a montré les niveaux d’activité cérébrale dans les parties clés du cerveau, celles qui sont étroitement liées au traitement social et émotionnel. On remarque que ces niveaux d’activité sont constamment plus élevés, même lorsqu’ils impliquent une personne étrangère à notre cercle intime. Cela met en évidence la forte capacité d’empathie des hypersensibles, même si l’effet est plus élevé avec des personnes proches.

Néanmoins, l’empathie a ses limites. Elle nécessite notamment de savoir distinguer ses émotions de celles des autres. Sans cela, on ressent les difficultés de l’autre sans pouvoir l’aider. Dans ce cas, nous ne sommes plus dans l’empathie, mais plutôt dans la compassion.

J’attire vraiment votre attention sur cette nécessaire distinction entre empathie et compassion dans mon épisode 2 du podcast « l’hypersensibilité et ses répercussions sur la communication ». Je vous invite vivement à l’écouter ou à lire l’article.

Système miroir : quelles limites ?

Le fonctionnement des neurones miroirs nécessite des interactions sociales en face à face. Cette nécessité peut expliquer le malaise de certaines personnes, dont je fais partie, quant aux interactions téléphoniques, notamment avec des personnes inconnues ou peu familières.

En effet, il est difficile de communiquer avec quelqu’un seulement par l’intermédiaire de la voix ou de l’écrit, puisque 90 % de l’analyse des émotions passent par les micro-expressions produites par les muscles du visage.

C’est pourquoi je suis assez réfractaire à l’utilisation massive des réseaux sociaux ou du SMS comme unique moyen de communication. Ce qui est en passe de devenir la norme pour beaucoup.

Par ailleurs, le développement des neurones miroirs nécessite une variété de liens sociaux et de confrontation aux autres sur la durée.

Le contexte sanitaire actuel ne se prête malheureusement plus aux regroupements physiques. Heureusement, il nous reste la visio-conférence pour pouvoir admirer les jolies pattes d’oies des personnes que nous apprécions ou aimons 😉