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Ressource documentaire

Livre « Les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau » de Norman Doidge, préfacé par Michel Cymes.

Chapitres

  1. Historique des découvertes concernant le fonctionnement du cerveau
  2. Pourquoi cette découverte n’a pas davantage fait parler d’elle ?
  3. L’organisation du cerveau
  4. Ce qu’est la plasticité cérébrale
  5. Les applications de la plasticité cérébrale
  6. Réparer une lésion cérébrale
  7. Guérir de ses blessures
  8. Se développer personnellement et professionnellement

Introduction

Vous écoutez le podcast « Sensible Révolution ». Parce qu’il est urgent de valoriser la sensibilité dans un monde qui ne peut s’en passer.

Bonjour, c’est Axelle. J’espère que vous allez bien.

Pendant longtemps, on a cru que le cerveau ne pouvait pas changer. Et donc que la nature de l’homme, qui en dépend, était figée. Grâce à l’évolution de la science, on sait aujourd’hui qu’il n’en est rien.

Dans l’épisode précédent, La puissance des habitudes, j’ai expliqué comment les habitudes se créent. Comment on peut faire évoluer des habitudes néfastes pour les transformer en saines routines. Aujourd’hui, je vais parler plus en détails de ce qui permet cela. Ce qui restera probablement comme la plus grande découverte scientifique du 20ème siècle : la plasticité du cerveau ou neuroplasticité.

Historique des découvertes concernant la plasticité du cerveau

Les fonctions du cerveau sont restées ignorées pendant des millénaires.

On pensait même que l’activité mentale était contrôlée par le cœur. D’où l’expression « apprendre par cœur ».

On voyait le cerveau comme une mécanique. Chacune des pièces qui la composaient assurait une fonction précise[1]. Lorsque l’une des pièces devenait défaillante, on pensait qu’il n’existait aucun moyen de la remplacer.

Au 18ème siècle, une première cartographie du cerveau est créée. Elle est aujourd’hui dépassée.

En 1932, le docteur Sherrington[2] découvre la triple plasticité.

Selon lui, la plasticité du cerveau est composée de 3 phases :

  1. Le développement des neurones et de leurs voies de communication, qui est maximal entre l’âge de 1 et 2 ans et durant l’adolescence
  2. L’adaptation durant le reste de la vie
  3. La récupération qui intervient après des lésions du cerveau.

Au début des années 60, le neuroscientifique Paul Bach-y-Rita[3] découvre que nos zones cérébrales ne sont pas si spécialisées que cela. Certaines zones cérébrales assurent plusieurs fonctions.

À la fin des années 60 et au début des années 70, d’autres chercheurs découvrent que la structure du cerveau change selon l’activité effectuée. Le cerveau se répare et se réorganise lui-même ! Il perfectionne ses circuits afin d’être plus habile à effectuer les tâches en cours. Si certaines zones flanchent, d’autres prennent le relais.

Pourquoi cette découverte n’a pas davantage fait parler d’elle ?

Au début, beaucoup de scientifiques n’osaient pas utiliser le mot « neuroplasticité » dans leurs publications. Ils étaient dénigrés par leurs collègues. On leur reprochait de mettre en avant une notion extravagante.

Mais ces chercheurs se sont obstinés avec courage et peu à peu ; ils ont bousculé la doctrine du cerveau immuable.

Grâce à leur ténacité, on sait aujourd’hui que les capacités mentales dont nous sommes dotés à la naissance peuvent évoluer. On a constaté qu’un cerveau lésé peut se réorganiser, que si certaines cellules meurent, elles peuvent être relayées par d’autres. Un de ces scientifiques a même démontré que la pensée, l’apprentissage et la mobilité peuvent activer ou inactiver nos gênes. Et ainsi, modeler l’anatomie de notre cerveau et notre comportement.

J’ai moi-même rencontré lors d’un stage de skating[4] un sportif de 70 ans qui avait subi un AVC. À la suite de cette attaque cérébrale, il avait perdu la parole et la motricité d’un de ses bras. Pourtant, quelques années après l’attaque, il skiait aussi bien que moi et s’exprimait normalement grâce à la rééducation dont il avait bénéficié.

Michel Cymes, le célèbre animateur télé et chirurgien, rapporte des témoignages étonnants dans le livre dont je donne la référence. Il a rencontré un scientifique qui a permis à des non-voyants de naissance de commencer à recouvrer la vue. Un autre scientifique a rendu l’ouïe à des sourds. Des patients atteints de troubles d’apprentissage ont vu augmenter leur quotient intellectuel.

J’ai moi-même éradiqué mon anxiété sociale, seule, sans aide psychologique ni médicaments.

Et si des cerveaux ont pu permettre tout cela, le vôtre et celui de vos proches le peuvent aussi. Nous disposons d’un outil d’évolution formidable. Nous en ignorons probablement encore tout le potentiel. Alors, regardons d’un peu plus près comment notre cerveau fonctionne.

Le fonctionnement du cerveau

L’organisation du cerveau

Le cerveau est composé d’environ 100 milliards de neurones qui sont reliés entre eux par leurs prolongements.

Pour simplifier, imaginons le cerveau comme un village. Dans ce village se trouvent des maisons et bien sûr chaque maison possède sa porte d’entrée. Chacune de ces portes mènent à une autre maison par un chemin.

Les maisons sont les neurones du cerveau, les portes d’entrée en sont les synapses et les chemins qui relient chaque maison sont les voies de communication du cerveau que l’on appelle les axones.

Ce qu’est la plasticité cérébrale

La plasticité cérébrale est la faculté du système nerveux à se réorganiser lorsqu’il subit un dommage.

Chacune des zones de notre cerveau assure une fonction particulière. Par exemple : la parole, la vision, la motricité d’un membre. Lorsque l’une de ces zones est atteinte, il arrive qu’elle ne puisse plus exercer la fonction pour laquelle elle était déterminée.

Mais le cerveau a la capacité de construire de nouveaux chemins neuronaux. C’est-à-dire qu’il va construire de nouvelles voies de communication (les axones) pour rejoindre les autres portes d’entrée existantes vers une autre zone cérébrale. Et cette zone cérébrale va prendre le relais et assurer la fonction pour laquelle elle n’était pas faite au départ.

Les changements neuronaux induisent des transformations visibles sur le cerveau. Par exemple, on a constaté chez des chauffeurs de taxi londoniens un grossissement de l’hippocampe[5], la zone du cerveau qui aide à la mémorisation spatiale.

Les applications de la plasticité cérébrale

L’architecture du cerveau diffère d’une personne à l’autre et se transforme au cours de la vie de chacun.

Cette découverte révolutionnaire nous permet d’examiner sous un nouveau jour les relations sociales, les liens du sang, les addictions, l’apprentissage. Elle permet des applications importantes dans le domaine de la santé. En voici quelques-unes.

Réparer une lésion cérébrale

Lorsqu’une personne subit un accident vasculaire cérébral, un caillot se forme dans une veine et l’une des zones du cerveau n’est plus irriguée par le sang. Cette zone est alors privée d’oxygène. Les neurones qui s’y trouvent meurent, ainsi que leurs synapses (leurs portes d’entrée).

Heureusement, si l’AVC est pris en charge en moins de 3 heures, les séquelles sont moins importantes voire absentes. Il existe des signes qu’une personne fait un AVC, je vous mets le lien vers un document dans les ressources de l’épisode.

Grâce à la plasticité cérébrale, des personnes ayant subi un AVC vont pouvoir retrouver leurs facultés partiellement ou totalement après une rééducation. Cette rééducation est assurée par des centres médicaux appelés « Soins de Suite et de Réadaptation ». Vous pouvez vous renseigner auprès de l’assistante sociale du lieu d’hospitalisation.

Guérir de ses blessures

L’environnement, l’éducation, le milieu culturel ont une influence sur nos comportements. On sait que les enfants ayant eu des parents tendres et protecteurs vont rechercher plus tard ces caractéristiques chez leurs partenaires amoureux.

De même, les enfants ayant été élevés dans des relations froides et brutales auraient une tendance à reproduire ce schéma.

En toute logique, on a longtemps pensé que les enfants martyrs ne pouvaient que reproduire ce comportement violent à leur tour.

Pourtant, lorsque l’on réfléchit à la lumière de cette récente découverte qu’est la plasticité du cerveau, on comprend que nos gènes n’ont pas le contrôle absolu sur notre vie.

Monsieur Boris Cyrulnik qui a vulgarisé le concept de résilience en France, a étudié sur plusieurs années le parcours d’enfants ayant subi des traumatismes importants liés à des violences familiales. Il a démontré que ces enfants ne reproduisaient pas forcément les violences qu’ils avaient subies. Ces travaux rendent obsolète la croyance dans le déterminisme biologique. La génétique ne fait pas tout.

Beaucoup d’améliorations de notre bien-être psychologique et physique sont possibles. Pourvu qu’on soit conscient et déterminé. M. Cyrulnik a aussi démontré que des personnes ayant subi des atrocités telles que les camps de concentration pouvaient guérir de leurs blessures psychologiques.

Cette résilience est une conséquence positive directe de la neuroplasticité du cerveau.

Se développer personnellement et professionnellement

Les réflexes ou les circuits cérébraux présumés câblés une fois pour toutes ne le sont pas. Cela signifie que des phobies ou des chocs psychologiques peuvent être surmontés.

Notre cerveau est capable de modifier ses schémas comportementaux. Il est alors évident que l’on peut mettre à profit cette neuroplasticité pour notre développement personnel et professionnel.

On peut transformer des habitudes de vie néfastes en saines routines comme on l’a vu dans le précédent épisode. On peut améliorer notre caractère. Enrichir notre intellect, développer notre empathie, améliorer notre communication, surmonter nos angoisses.

C’est d’ailleurs le principe sur lequel repose les thérapies cognitivo-comportementales dont l’efficacité a été prouvée scientifiquement. En introduisant une nouvelle manière de réagir et en se concentrant sur une activité agréable, on stimule de nouvelles connexions neuronales. Progressivement les neurones se reconfigurent. Et le réseau qui n’est plus utilisé est perdu. Avec les désagréments qu’il apportait.

Le moment est venu de faire reposer mon cerveau et le vôtre. Pour m’aider à faire connaître ce podcast et si vous l’appréciez, vous êtes libre de partager l’un des épisodes sur les réseaux sociaux ou par email.

Merci et à bientôt pour le prochain épisode.

[1] La théorie du localisationnisme : « une fonction = un emplacement »

[2] Sherrington, sir Charles Scott (1857-1952), physiologiste britannique qui reçut en 1932 le prix Nobel de physiologie ou médecine pour ses contributions fondamentales à la compréhension des fonctions du système nerveux central. Sherrington définit également des termes et concepts tels que synapse et neurone.

[3] Paul Bach-y-Rita (4 avril 1934 – 20 novembre 2006), neuroscientifique américain dont le travail le plus remarquable était dans le domaine de la neuroplasticité. Bach-y-Rita fut l’un des premiers à étudier sérieusement l’idée de neuroplasticité (bien qu’elle ait été proposée pour la première fois à la fin du XIXe siècle) et à introduire la substitution sensorielle comme outil pour traiter les patients souffrant de troubles neurologiques.

[4] Technique de ski nordique qui se pratique sur des domaines enneigés et damés.

[5] La mémoire siège dans le cortex dit « associatif » des lobes des deux hémisphères cérébraux. L’hippocampe est l’une des structures les mieux connues de toutes celles qui participent au phénomène de mémorisation.