Avoir de la volonté, ce n’est pas que surmonter les obstacles pour atteindre ses objectifs ou simplement savoir dire non à un morceau de chocolat. Avoir de la volonté, c’est aussi (et surtout) prendre ses responsabilités.

Même si c’est difficile. 

Dans cet article, je vous partage les trois raisons qui me poussent à développer ma volonté chaque jour. Mais attention, nous verrons aussi que l’effort de volonté a ses limites et qu’elles sont, bien sûr, à prendre en compte ! Bonne lecture 😊

Raison n°1 : Avoir la volonté de changer en profondeur

En psychologie, lorsqu’il s’agit de trouver les paramètres nécessaires à la réussite, les chercheurs sont unanimes. Deux traits de personnalité reviennent régulièrement : l’intelligence et la régulation émotionnelle.

Aujourd’hui, nous ne savons pas comment développer durablement l’intelligence. Par contre, nous savons comment accroître la maîtrise de soi.

Grâce à la volonté, les êtres humains et donc la société dans son ensemble, sont capables de changer en surface, mais aussi en profondeur.

En effet, l’autocontrôle désigne la capacité à réguler ses propres comportements, selon ses objectifs et ses valeurs. Autrement dit, la capacité à s’engager dans un comportement qui ne va pas forcément nous apporter des bénéfices à court terme, mais nous en assurer sur le long terme.

Par exemple, pour un étudiant, s’abstenir de certaines sorties pour assurer les résultats de ses examens ; pour un gourmand, se retenir de reprendre du gâteau afin de préserver sa ligne et sa santé ; pour tout le monde, ne pas relâcher ses efforts à la première difficulté rencontrée, etc. C’est ça avoir de la volonté

Raison n°2 : Faire preuve de volonté pour modifier son comportement

Faire preuve de volonté dans des domaines même anecdotiques, comme se tenir droit ou ne plus dire de gros mots, va retentir favorablement sur tous les autres (passer moins de temps sur Internet ou rester concentré(e) sur un travail difficile).

Des chercheurs ont mené une expérience auprès de trois groupes d’étudiants volontaires. Chacun d’eux avaient des consignes spécifiques :

  • Dans le 1er groupe, les étudiants devaient veiller à leur posture en se tenant droit chaque fois qu’ils y pensaient, durant deux semaines ;
  • Dans le 2e groupe, les étudiants durent noter tout ce qu’ils mangeaient pendant la même durée ;
  • Le 3e groupe reçut l’instruction de cultiver des émotions positives et d’être de bonne humeur pendant les deux semaines du test.

Au terme de ces deux semaines, tous les étudiants retournèrent au laboratoire pour y faire de nouveaux tests de self-control. Le 3e groupe, générateur d’émotions positives, n’avait pas du tout progressé. Ce qui signifie que la régulation émotionnelle ne dépend pas de la volonté. On ne peut pas se forcer à tomber amoureux, ni à ressentir une joie intense. S’exercer à contrôler ses émotions n’accroît donc pas la volonté. Les groupes n° 1 et 2, « ceux qui se tenaient droits » et « ceux qui notaient tout ce qu’ils mangeaient » furent testés à leur tour. Leurs performances étaient nettement supérieures aux précédents.

Finalement, c’est le 1er groupe, « tiens-toi droit » qui avait le plus progressé. Les progrès étaient encore plus prononcés chez ceux qui avaient noté leur suivi chaque jour dans un journal. Par exemple, combien de fois par jour, ils avaient prêté attention à leur posture.

Par ailleurs, ces étudiants avaient aussi développé leur endurance. Quand on leur imposa une séance de musculation après avoir épuisé leur ego, leurs performances étaient bien meilleures qu’avant les deux semaines d’exercices de postures. Je vous renvoie d’ailleurs à mon article « Comment augmenter sa confiance en soi et son niveau d’énergie facilement » dans lequel j’évoque la « posture de puissance » et ses conséquences positives.

Après cela, les chercheurs ont conclu que ce qui servait à développer la volonté était le fait de s’astreindre à changer un aspect d’un comportement habituel en général. Et non l’exercice postural en lui-même.

Pour développer sa volonté, on peut donc imaginer de petits exercices à intégrer dans son quotidien. Par exemple, si l’on est droitier, s’efforcer d’utiliser la main gauche dans le plus d’actions possibles. Ou changer une expression de langage que l’on emploie couramment et que l’on n’apprécie pas… 

Chacun de ces petits exercices effectués régulièrement permet un entraînement de la volonté. 

Raison n°3 : Avoir plus de volonté pour lutter contre les tentations

Au Moyen-Âge la plupart des gens étaient des paysans. Ils passaient de longues et éreintantes journées de travail dans les champs. Leurs seules tentations étaient le sexe et l’alcool.

Au fil de l’Histoire, le rôle de la volonté a fluctué. Jusqu’à avoir une importance accrue à l’époque moderne parce que les tentations ont augmenté avec la modernité.

Aujourd’hui, l’abondance de distractions offertes par notre environnement contemporain entraîne une conséquence néfaste : une incapacité à renoncer aux gratifications instantanées, une intolérance à la frustration.

De toute part, des plaisirs immédiats nous tentent, en permanence. Sous forme de nourriture riche, d’achats à crédit, de forfaits illimités pour regarder des séries, écouter de la musique, jouer à des jeux vidéos ; de rencontres amoureuses en un éclair, de suivi de l’actualité en flux tendu… 

Bien sûr, toutes ces tentations faciles ont un revers de médaille. L’incapacité à restreindre ses apports caloriques favorise l’obésité, l’inaptitude à limiter ses achats est un facteur de surendettement, la difficulté à résister aux rencontres rapides sur Internet fragilise les couples, etc.

Les êtres humains passent leur journée entière à désirer des choses et à y résister. Avec plus ou moins de succès évidemment.  

Et pour cause, une heure sur cinq de notre temps, soit trois à quatre heures par jour, sont consacrées à résister à nos envies, sans que l’on s’en rende compte. Dans une étude, les principaux désirs auxquels les personnes tentaient de résister étaient d’abord l’envie de manger, suivi de l’envie de dormir, puis l’envie de se distraire. Par exemple, en faisant une pause au travail pour faire un jeu, au lieu d’écrire un rapport. 

Dans la liste des impulsions auxquelles on résiste le plus, le désir sexuel était le suivant. Suivi de près par l’envie de vérifier ses emails, aller consulter les réseaux sociaux, surfer sur le net, écouter de la musique ou regarder la télévision.

Dans l’ensemble, les “cobayes” succombaient  à une tentation sur six, la volonté leur faisant défaut.

La fatigue décisionnelle : un  accroc à la volonté

Dans l’histoire de la France et des États-Unis (entre autres), il existe de nombreux scandales impliquant des hommes politiques dans des situations plus ou moins morales ou sordides. Comment se fait-il qu’un politicien qui ait fait de longues études, travaillé des dizaines d’années pour atteindre un poste important, prenne une décision risquant de mettre en péril sa carrière et sa réputation pour quelques instants de plaisir ?

Est-ce que le pouvoir affaibli le jugement d’un être humain au point de le laisser penser qu’il soit devenu invincible ? Est-ce que pour arriver à un tel niveau de responsabilité, il faut être doté d’une personnalité narcissique, caractérisée par la pensée qu’on est exceptionnel et que tout nous est dû ?

Il y a sans doute un peu de ça. 

Mais ce que les chercheurs en psychologie ont découvert, c’est qu’à l’instar des muscles, la volonté se fatigue quand on en fait un usage trop intensif. Ce phénomène s’appelle la fatigue décisionnelle.

On peut imaginer la volonté de la même manière que l’énergie d’une personne. C’est-à-dire une compétence qu’il faut recharger en se reposant. 

Des personnes qui prennent constamment des décisions de la plus haute importance risquent de manquer de volonté à un moment donné. Une seule décision peut consommer une grande partie de l’énergie disponible. Il se peut qu’il n’en reste plus suffisamment pour des décisions ultérieures. Alors, un choix conduisant à un résultat néfaste peut être fait, car la jauge de volonté est à zéro.

Pourtant, ne pensez pas que la fatigue décisionnelle impacte seulement les personnes ayant des postes à très haute responsabilité. Des décisions de la vie de tous les jours telles que : les courses que vous devez prévoir pour la semaine, le dîner à préparer, les vêtements que vous ou vos enfants allez porter, les vacances à organiser… Aussi anodines qu’elles puissent paraître, elles drainent un peu de votre énergie disponible à chaque fois.

Une chercheuse, étudiant le self-control, raconte le jour où elle s’est rendue en magasin pour préparer sa liste de mariage. Après avoir choisi un style de vaisselle, une marque de couteaux, une qualité de serviette, le nombre de fils au cm2 de leurs draps, elle en était arrivée au point où elle aurait pu choisir n’importe quoi afin d’en finir avec ses choix ! Concrètement, elle ressent un affaiblissement de sa volonté à ce moment-là. Cette anecdote l’amènera à mener des expériences destinées à mettre à l’épreuve la volonté d’un groupe d’étudiants cobayes.

Le 1er groupe fera une série de choix anodins. Par exemple, un choix entre deux objets ordinaires. Dans le même temps, le deuxième groupe contemplera les mêmes objets sans avoir à prendre une quelconque décision. Le troisième groupe d’étudiants, quant à lui, indiquera simplement combien de fois ils ont utilisé ces objets durant une période déterminée.

Pour poursuivre l’expérience, tous les étudiants passèrent un test de maîtrise de soi classique. Celui-ci consiste à garder la main le plus longtemps possible dans l’eau glacée. L’expérience étant désagréable, le premier réflexe est de retirer sa main. Il faut donc du self-control et de la volonté, pour décider de la laisser alors que les sensations et réflexes de survie ordonnent le contraire. Le 1er groupe d’étudiants, les « décideurs », ont abandonné les premiers. Tous les choix qu’ils avaient dû faire avait affaibli leur volonté.

Conclusion, la volonté est précieuse et mérite toute votre attention. En lâchant du lest sur les choses peu importantes, vous préservez votre volonté et votre énergie pour ce qui est primordial et utile à long terme. Alors, pensez à lâcher prise pour reposer votre esprit et pouvoir profiter pleinement de cette ressource inestimable pour votre bien-être !